One of those weekends in Chamonix

Chamonix

Ski de randonnée

F II 3.1 / E1 PD+ / S3

16 avr. 2022

On a beau vivre au milieu des montagnes à Grenoble, chaque fois que l'on arrive à Chamonix on prend une sacré claque. Le gigantesque glacier des Bossons dégouline depuis le haut du toit de l'Europe directement sur la route, les aiguilles de Chamonix déchirent le ciel de leurs impossibles griffes de granit. Et au milieu de ce chaos de neige et de pierre, minuscule création humaine mise au pied de la puissance de la nature, le village de Chamonix tisse sa longue toile de remontes pentes jusqu'aux plateaux et sommets.

Haute route to Amnesia

Ce weekend, et ce malgré sa blessure à la cheville, Axel nous a invité pour faire un raid à ski dans le coin avec un ami italien de Londres, Matteo. Première étape du raid : les 4 bars et deux boîtes de nuits favoris d'Axel, dont le fameux Amnesia, une réelle institution pour tout voyageur narcissique voulant danser devant une glace. Une bonne occasion pour fêter l'achat de notre premier van, et la découverte du Génépi pour Matteo !

Mariage d'Olga au pays des glaciers

Le lendemain, Olga, notre pote chamoniarde, se marie avec son écrivain Syrien. L'occasion de rencontrer des gens incroyablement gentils et très différents de nos fréquentations habituelles. Victor, le frère d'Olga, me brief un peu sur l'itinéraire de demain et me dit qu'il veut faire le Mont Blanc et la Meije cet été. Très très chauds !! Malgré tout, la fatigue de l'Amnesia se fait pas mal ressentir, et on finit par faire une longue sieste dans le Vanoche, gracieusement prêté par Anne-Ju et Val.

Première étape de la Haute Route Chamonix Zermatt

Départ 7h30 pour prendre la première remontée des Grands Montets à 8h30.

On arrive au sommet vers 10h, et on chausse les peaux pour remonter au col des Rachasses. Directement, l'altitude tape fort. On part de 2800 et on monte à 3100, ça a l'air de rien mais sans acclimation le souffle est très court... Pas pour tout le monde a priori puisque Axel nous met bien 15min dans la vue, malgré sa cheville en vrac. Salaud de gauchiste. On se rend aussi compte qu'en fait l'une de nos gourdes est vide, et que Axel a pris la sienne à moitié vide (ou pleine selon la philosophie). La journée va être longue...



Première descente, la neige est encore dure mais la vue sur le glacier d'Argentière et le glacier des Rognons est à couper le souffle. Au fond la traversée du glacier est très intimidante, au pied de toutes ces immenses aiguilles glacées. On vise le col du Chardonnet, entre les aiguilles d'Argentière et du Chardonnet. Avec Ambre, on fait une team crampons et on part sur la droite du glacier, encore à l'ombre. Matteo et Axel restent à ski et partent sur la gauche. On remonte sur une neige bien dure et on travaille nos conversions de crampons, c'est assez chouette avec une neige si portante :) On prend pied en haut du glacier et on remet les skis, c'est de la pente très douce dans un cirque gigantesque bordé par des dizaines d'aiguilles rouges. La fatigue est déjà très présente, et on arrive à bout de souffle au col, où Axel et Matteo nous attendent depuis un bon moment déjà.


PXL_20220417_082809472~2.jpg Ambre descend le long du glacier des Rognons


IMG_4713.jpg Arrivée au col du Chardonnet


La descente du col est plus technique que prévue : Couloir en neige très dure à 50°, puis la fin à 40°. C'est le premier passage technique, donc personne n'est vraiment en confiance. En plus, une dizaine de personnes attendent devant nous et font les choses de manière très safe : ils font deux rappels de 40m sur d'immenses cordes statiques super fines. Le soucis, c'est qu'il devait y avoir des cordes fixes, mais elles sont enterrées sous la neige... Du coup, nous on a que la corde de grimpe de 50m, donc on descend la portion raide en se faisant mouliner par Matteo, puis le reste en désescalade. Au final ça se passe plutôt très bien, on aurait probablement pu tout faire sans corde !



Pour la descente du glacier de Saleina, il commence à être tard, et du coup on se retrouve à faire le voyage seuls, sous les gigantesques séracs de l'aiguille du Chardonnet. On voit d'énormes rochers tomber des aiguilles dorées, donc on reste bien au milieu du glacier. Il faut dire que la vire intermédiaire des aiguilles n'est rien de mieux qu'un improbable amoncellement de miettes de montagnes. La fenêtre de Saleina est encore bien raide, ça ne passe pas à ski ! On aura pas pris les crampons pour rien. L'arrivée en haut de la fenêtre c'est l'euphorie, la lumière commence à s'embellir et la découverte du plateau du Trient par la fenêtre est époustouflante.


IMG_4739.jpeg Arrivée en haut de la fenêtre de Saleina


Dernière ligne droite pour arriver au refuge, on fait l'erreur de garder nos peaux pour la descente avec Ambre, au final c'était pas très malin. On arrive totalement cramés à la cabane, il est 18h. On se jette sur les bouteilles d'eau, vendues quand même à 10e l'une ! Super repas, on est assis à côté d'un guide de Chamonix qui nous montre le chemin pour le lendemain. A 21h, tout le monde est couché.


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Avec la team, heureux d'être arrivés au Trient


IMG_4767.jpeg Coucher de soleil à la Cabane du Trient


Aiguille du Tour

Petit déjeuner 7h, on prend bien notre temps pour laisser la neige décailler pour la descente. L'objectif de ce matin est bien en vue depuis la fenêtre du refuge : l'aiguille du Tour, course d'alpinisme d'initiation très fréquentée. Heureusement, le refuge du Trient est bien plus proche que Albert 1er, donc on arrive dans les premiers. On laisse notre pote guide passer en premier pour copier tout comme lui : corde tendue (6m entre chaque), crampons aux pieds et piolet au baudrier. La montée est vraiment super agréable, un peu de grimpette, des bequets partout, un peu de gaz mais pas trop. C'est vraiment la promenade et c'est magnifique. Au sommet, le panorama est grandiose, on a le mont blanc juste en face. Matteo s'attache vaguement au caillou de 1m² et fait une vidéo 360° debout dessus. Quel malade ^^' Malgré le monde qui commence à arriver, on prend le temps de chiller un peu au sommet. Un avion jaune atterri et décolle sur le glacier du plateau du Trient, c'est à la fois beau, un peu relou à cause du bruit et surtout assez intrigant.


CCC33B2A-981B-4B74-B193-75308630D163.jpg Nous, on va plutôt rester assis...


On redescend toujours dans la bonne humeur, et on pique-nique au col supérieur du Tour. Un groupe ultra efficace nous double, on leur demande comment redescendre. Ils nous disent de traverser le glacier du Tour et de redescendre en le longeant par la gauche. Du coup on fait ça, ça passe sans remettre les peaux ! Sur la descente, on croise des coulées d'avalanche impressionnantes. Heureusement qu'il n'est que 14h et que la neige est encore un peu dure. Sur le bas, il faut traverser dans une pente ultra exposée. 'Sketchy as fck" comme dirait Matteo... Heureusement, la fin est dans la forêt, en mode Ski de combat, et on descend jusqu'au village à ski sans soucis !


PXL_20220418_111242776~2.jpg Ambre devaut une grosse coulée, derrière on voit le glacier du Tour et le refuge Albert 1er


Merci à Axel et Matteo pour ce weekend Chamoniard incroyable, on y reviendra !
On parle d'ailleurs déjà du prochain trip prévu, les Lofoten en bateau !!



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